Je n'ai vu que trop tardivement Le Havre de Aki Kaurismäki. Mais c'est maintenant chose faite ! Mais cette note ne parlera pas du film en lui-même. Je me suis plutôt intéressé aux lieux de tournage.
En effet, certaines scènes ont piqué ma curiosité. J'ai donc fait quelques recherches et ai rapidement trouvé un article très intéressant sur le site de Courrier International : Le Havre tel que l’a filmé Aki Kaurismäki. L'introduction résume bien l'idée générale : « Un journaliste finlandais s’est rendu au Havre pour vérifier si la ville filmée par Kaurismäki existait toujours. Verdict : oui, mais plus pour très longtemps. » Et cela commence dès la Cité des Polonais, lieu de résidence du personnage principal : Marcel Marx.
De manière quasiment invisible, les Tréfileries changent de visage depuis deux ans. Juste en face du supermarché situé rue de la Vallée se trouvait l'impasse Réal. Elle était le cœur de cet ensemble pavillonnaire ouvrier construit par le complexe industriel des Tréfileries et Laminoirs du Havre juste après la Première Guerre Mondiale. Comme son nom l'indique, il a permis de loger plusieurs centaines de Polonais, immigrés, qui travaillaient pour le complexe. Lieu de tournage pour la maison de Marcel Marx, cette impasse n'existe plus que dans la mémoire des anciens résidents aujourd'hui relogés dans de nouvelles habitations et dans GoogleStreet car les prises de vue datent de juillet 2008. La campagne suivante de octobre 2010 montre les premières maisons.
L'ensemble des travaux n'est d'ailleurs pas terminé et de nouvelles résidences verront le jour. On notera tout de même l'hommage rendu par la ville en rebaptisant l'ancienne impasse rue de la Cité des Polonais.
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Café de prédilection de Marcel Marx pour un verre de blanc, voici la Moderne. On y retrouve au passage, notamment, Gilles Adam, le chanteur des Souinq.
La Moderne se situe dans un ancien bar nommé l'Euro qui se trouve boulevard Amiral Mouchez dans le quartier Saint-Nicolas. Aujourd'hui encore, après le passage des équipes d'Aki Kaurismäki, le lieu est déserté malgré une rénovation récente de l'immeuble. Reste, comme un souvenir, les lettres « Chez Claire » sur la vitre qui n'a pas de volet.
Désertée, aussi, la rue Jean-Baptiste Boivin.
Juste dernière la Moderne, coincée entre les rues Lavoisier et Amiral Courbet, se trouve le décor de cette ruelle avec la boulangerie et l'épicerie. L'épicerie semble être un ancien local commercial. Quant à la boulangerie, il s'agit du garage d'un particulier. Juste à droite, un jardin qui, dans le film, est caché par un mur, celui où sont placardées les affiches du concert de Little Bob.
Mais d'autres lieux n'ont pas fermé. Ainsi, le bar où Marcel Marx trouve Little Bob devant ses shoots est le très reconnaissable Marie-Louise, situé quai de Saône. Celui où il mange son omelette, rejoint ensuite par le commissaire Monet est l'ancien Café de la Bourse, aujourd'hui le Pti Bar, juste en face du casino. Le marchand de chaussures tatillon qui le chasse est Heyraud, place de l'Hôtel-de-Ville. Enfin, le concert de Little Bob a été tourné au (feu) Cabaret Electric. Sirou nous a fait une belle note à ce sujet : Cinoche 5.
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Les Havrais ont vite pu constater que la gare de Aki Kaurismäki n'était pas réelle. La scène a en effet été tourné à l'angle des rues de Paris et des Drapiers !*
Sirou, sur tous les bons coups, était figurant pour la scène initiale du film. Sa note Cinoche 1 explique clairement comment un décor est constitué. Le blog « Chronique Ordinaire » publie, lui aussi, une série de photographies concernant cette scène. À l'arrière, au passage, la cathédrale Notre-Dame, lieu de tournage logique de la scène où les curés se font cirer les chaussures.
Notons au passage qu'une scène qui est sensée se dérouler à Calais est (presque) tournée au Havre. C'est en effet dans le Centre Pénitentiaire du Havre, situé à Saint-Aubin-Routot qu'est tournée la scène du centre pour immigrés dont on peut voir un extrait dans cette vidéo.
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Et, bien évidemment, il nous reste le quartier Saint-François et plus particulièrement son port de pêche. Le paysage de la rencontre entre le commissaire Monet et Marcel Marx est présent dès l'affiche du film.
Cet article ne se veut bien évidemment pas exaustif. De nombreuses scènes m'ont échappé suite à ce visionnage. Peut-être pourrai-je le compléter au fur et à mesure de mes connaissances.
Les photographies extraites du film sont ©Pyramide Productions
*Rectificatif sur la fameuse gare car, suite à une discussion, je me suis rendu compte que je me suis trompé de "coin de rue" pour ce décor. Le tournage s'est en effet effectué quelques mètres plus à l'est, en remontant la rue des Drapiers au niveau du passage qui mène à la Place du Vieux-Marché